Balla Moussa Keita. (Photo Vincent Fournier).

Les chroniques du Prince Mandingue Balla Moussa Keita

Dans ses chroniques nostalgiques de l’Afrique authentique, le Prince Mandingue, Balla Moussa Keita, en fin observateur, nous restitue des souvenirs de ce qu’on aurait pu appeler « La Belle Epoque », en suivant le fil conducteur de l’héritage spirituel transmis par son illustre paternel et qui se résume par les 3 oirs, pouvoir, savoir et avoir. Le voici le long des berges intrépides du Tanganyika, le lac le plus profond au monde. Entre reggae et frissons.


 De Kigali à Bujumbura, il fallait 3h45  minutes pour 274 km en voiture, 45 mn en avion et 0,5 mn avec le fameux Concorde.  Après un vol de 45 mn, voici que je me faisais accueillir par un spectacle de musique dans cette ville de Bujumbura, anciennement appelée Usambura, située en bordure du lac Tanganyika ( 775 m d’altitude).  Avec ses 36 000 habitants, la plate bourgade baignait un climat tropical, contrairement à Kigali.

Dans le taxi qui me ramenait de l’aéroport  de Bujumbura à l’hôtel Novotel, où je souhaitais loger, je me posais la question de savoir,  s’il y avait des adultes, je veux dire des personnes âgées dans cette ville. A tous les coins de la rue, sur les trottoirs,  devant les habitations,  je ne voyais que des attroupement de jeunes,  une jeunesse enthousiaste, le coeur à la fête ! Dès que je descendis les vitres du taxi, de mélodieux sons du reggae parvinrent à mes oreilles. La voix suave et conquérante de Bob Marley montait dans les airs. Dans toute la ville, on n’entendait que les titres du musicien jamaïcain, venant des radios et magnétophones. Une cacophonie à casser les tympans. Le tout accompagné de pas de danse esquissés ici et là. Un vrai festival urbain !!!
Le temps de me poser la question du pourquoi de tous ces jeunes dans la rue, écoutant et dansant Bob Marley, que j’avais la réponse ; on était le 11 mai 1991, les 10 ans de la mort du roi du reggae. Robert Nestor Marley dit Bob Marley, né le 6 février 1945 en Jamaïque, et mort le 11 mai 1981 à Miami était ici un prophète.


Une fois à mon hôtel,  j’ai demandé à voir expressément le directeur afin de définir les conditions de mon séjour : Il m’accorda l’échange marchandise (le troc ), sauf que je ne pouvais rester que 5 jours pour un premier temps. Motif, toutes les chambres de l’hôtel était occupées depuis des mois pour un évènement à portée internationale, le Camel Trophy, un rallye initialement prévu en Inde, au Cachemire, aux abords de l’Himalaya. Mais le malheur de certains faisant le bonheur d’autres, le Camel Trophy se déroulera finalement entre Bujumbura, au Burundi, et Dar-es-Salam, en Tanzanie (1900 km). La guerre au Cachemire en avait décidé ainsi.

Une fois dans ma chambre,  j’ai pensé à me reposer, car la nuit sera longue ; le chauffeur de taxi m’avait informé que l’anniversaire des 10 ans de la mort de Bob Marley se poursuivait ce samedi soir là dans une boîte de nuit, « le Black & White » située en dehors de la ville, au bord du lac Tanganyika.
Pour établir des contacts ou recueillir des informations sûres dans tous les pays du monde, mon modus operandi se compose d’une chaîne humaine dont le premier maillon commence par mon voisin de l’avion, puis l’agent de police habilité à cacheter mon passeport, le taxi ou la navette de l’hôtel,  le réceptionniste, le bagagiste, les garçons de salle, etc… Ainsi me voici avec la moitié de la clé de la ville,  en attendant d’être  le maire au moment du départ ( rires). C’est mon jeu favori; la recherche toujours des 3 « OIRS », Savoir, Pouvoir, Avoir, fondement de toute vie humaine. Surtout quand on connaît la fragilité de la vie.

Après un bon dîner, me voici de nouveau dans le même taxi qui m’avait ramené de l’aéroport, cette fois-ci en empruntant la corniche qui serpente le lac Tanganyika pour le ‘ Bob Marley ‘ show ! Émerveillé par ce lac que je  contemplais avec poésie, j’avais la sensation de vivre un rêve quand mes yeux tombèrent sur des hippopotames.
Sur la berge, gros comme des fûts, pouvant mesurer jusqu’à plus de 3m de long, pesant jusqu’à 4 tonnes chacun, les mastodontes régnaient en maître !
Le chauffeur m’apprendra qu’il en est toujours ainsi. Et que les hippopotames étant des herbivores, sortaient de l’eau la nuit pour souvent parcourir jusqu’à 10 km, a la recherche de leur nourriture dans les pâturages, consommant jusqu’à 40 kg  de matières végétales. 

Le lac Tanganyika est une éco-région entre le Burundi, la République Démocratique du Congo, la Tanzanie et la Zambie. Elle abrite l’une des faunes lacustres les plus riches de la planète et concentre un nombre très élevé d’espèces endémiques. Le lac Tanganyika est le lac le plus profond du monde après le lac Baikal situé en Sibérie dans la Russie.
J’avoue en toute humilité que j’ignorais que l’hippopotame était herbivore. Grâce au chauffeur de taxi,  je venais d’apprendre quelque chose. Ce qui confirme l’adage qui dit que l’on ne finit jamais d’apprendre. J’imagine que les maliens le savent,  quand on sait que le nom de leur pays veut dire hippopotame… 
Aussitôt le seuil de Black & White franchi, que tout mon être fut envahi par une osmose de parfums, de décibels , accompagnés du titre « Kaya », qui expliquait cette ébullition ! Le spectacle était fou ; cette jeunesse enthousiaste chantait en choeur, connaissant tous les titres par cœur. Il aurait suffit d’arrêter la musique  et laisser chanter cette foule, qu’on se croirait à une soirée de Karaoké. Le temps d’essuyer les verres de ma paire de lunettes qui s’étaient embués, au contact de cette atmosphère de délire, que le Dj enchaîna avec le titre « One love », qui véhicule des valeurs de tolérance et d’unicité. Le public était aux anges. Quel délire !
A mesure que cette ambiance de chorale montait, on mesurait la soif d’indépendance,  de liberté et  du vivre ensemble de cette jeunesse souvent désœuvrée et lasse des querelles politiques de leurs aînés… je venais de prendre la température du Burundi. Qui a dit que la boîte de nuit n’était pas un lieu de socialisation !
Le Burundi, situé en Afrique de l’est sans accès à la mer, est l’antithèse du Rwanda. La population est composée de hutu (majoritaire) et de tutsi  ( au pouvoir à l’époque ). En 1903, le pays faisait partie de l’Afrique orientale allemande. Il tomba dans le giron de l’empire belge après la 1ère guerre mondiale et devient indépendant le 1er juillet 1962. La monarchie tutsi a été abolie en 1966 et le 1er président fut Michel Micombero, né le 26 août 1940 et décédé le 16 juillet 1983. Il fut renversé par un coup d’état, le 1er novembre 1972, perpétré par son chef d’état major adjoint, le Colonel Jean-Baptiste Bagaza, un tutsi…

Après deux heures de bain de foule et d’échanges, je me décidais de rentrer à mon hôtel, une fois le titre « Is this love » qui mettait la salle en transe, terminé. Mon au revoir à cette belle et fructueuse soirée fut accompagnée par  » Could you be loved « , le titre que j’aime tant.
Ainsi ma soirée se termina sur des notes d’amour, où Bob Marley nous dit entre autres :
“Pourvu que tu sois aimé et être aimé, 
l’amour ne devrait jamais nous laisser seul. Dans les ténèbres doit apparaître la lumière. La route de la vie est rocailleuse
Et il se peut que tu trébuches. Aussi lorsque tu montres du doigt, quelqu’un 
d’autre est en train de te juger.
Je t’aime mon frère”…
Quel poète, quel philosophe, ce bob Marley, mort à 36 ans !
Sur le chemin de retour,  les hippopotames étaient encore là sur la berge, mais de plus en plus proches de la voie. Pas rassurant.
Le buffet du dimanche au Novotel Bujumbura avait très bonne réputation et drainait du monde. Quand je me suis présenté en bordure de la piscine pour y participer, il ne restait qu’une seule table de libre que j’occupais aussitôt. Sans tarder, je me dirigeais vers les tréteaux dressés sur lesquels les plats rivalisaient de saveurs à vous mordre la langue. Revenu à ma table, avec mon plat en main, se tenait debout un monsieur qui me salua aussitôt  et me demanda  s’il pouvait s’attabler avec moi faute de place. Ce que j’acceptais avec plaisir. Une fois le monsieur assis et bien servi, le moment était venu de se présenter et de converser en savourant les plats :
– Bon appétit cher monsieur,  je m’appelle Balla-Moussa KEITA
– Enchanté je m’appelle Kévin KANE.
– Je suis arrivé hier de Kigali pour 2 à 3 semaines
– Moi, je suis là depuis 3 jours,  je suis affecté ici comme Directeur général de la Méridien Bank.
– Moi c’est dans le cadre de l’édition de l’annuaire commercial de l’Afrique. Demain lundi je dois voir les autorités pour commencer ma mission.

Je venais d’avoir un ami, sans coup férir. Ainsi va la vie, un petit sourire, un petit geste, une parole aimable, et la nature vous ouvre les bras. Pendant ce buffet, une seule conversation était  sur les lèvres : Une femme, soviétique, avait été tuée par un crocodile dans le lac Tanganyika. Les mauvaises langues disaient que c’était la faute de son mari, parce que la veille, le couple avait eu une dispute qui attira les chambres voisines à l’hôtel.

La dame avait été attaquée par le crocodile quand elle se baignait tout juste près de la berge, alors que,  très loin de la berge, en profondeur, il y avait des enfants qui se baignaient tranquillement. D’où le mystère non élucidé par les hommes: comment un crocodile peut venir attaquer près de la berge et épargner ceux qui se baignent en profondeur ?…cette histoire faisait la une des journaux, alimentée surtout par la communauté européenne… les hommes restent les hommes,  peu importe la couleur.
Le lac Tanganyika est réputé par les attaques de crocodile. D’ailleurs parmi ces crocodiles,  il y avait un qui était célébré et se nommait Gustave, centenaire avec une taille estimée à plus de 6m et un triste record. Gustave a tué de nombreuses personnes . 

Ironie du sort, Kévin et moi devaient avoir la signature ou le feu vert d’une même personne pour débuter notre mission. Cette personne n’était autre que Donatien Bihute, Président du Patronat, Patron de la Chambre du commerce, Président de la Méridien Bank. Ancien diplomate, ancien président de la BAD, Administrateur de la Banque Mondiale, Donatien Bihute était un homme respecté et respectable, vénéré même par le Président de la République de l’époque, Son Excellence Pierre Buyoya.

Ayant le même « tuteur » Kévin et moi étaient devenus très attachés comme si notre amitié durait des éternités. Chaque matin au petit-déjeuner, le programme de la journée était fixé. Un jour j’ai reçu la visite d’un compatriote qui était le représentant de la FAO. C’est grâce à l’entremise de la responsable du bar de l’hôtel, Nadine, qui, ayant appris que je venais de la Côte d’Ivoire,  me parla de M Lobouet. Elle m’informa que M. Lobouet avait passé un long séjour à l’hôtel,  avant d’obtenir sa maison de fonction. Elle avait promis de tout faire pour me mettre en contact avec lui. J’étais dans la piscine quand il se présenta à moi, et me dit aussitôt : « c’est pas la peine d’arrêter de nager,  je passerai vous chercher après demain soir pour dîner ensemble avec des amis que j’aurais à vous présenter. Aussi, venez avec qui vous voulez ».
– D’accord, merci d’être passé.  Je pense que je viendrai avec un ami. Merci et a bientôt lui répondis-je.

Quand j’eus informé Kévin que nous étions invités à dîner chez mon compatriote,  sa réponse fut celle-ci : « Mais il ne me connaît pas ». c’est l’occidental qui parlait.
– Kévin, chez nous en Afrique,  on n’a pas besoin de connaître quelqu’un pour l’inviter à partager un repas. Aussi quand il y a  du repas pour une personne, il y en a pour deux… donc soit prêt pour demain. »
La réception chez Lobouet fût belle, pleine de chaleur humaine. Parmi ses invités, il y avait deux sœurs dont l’une comme par hasard était la future collaboratrice directe de Kévin, mais se sentait menacée avec l’arrivée du nouveau patron. Il y avait un vent de changement en l’air. Elle avait appris que le nouveau directeur général était présent à Bujumbura mais ne l’avait pas vu encore. Après s’être remise de l’effet de surprise de la vue de son nouveau dg à un dîner anodin plutôt qu’au bureau, Nelly (c’était son nom) , lui fournit toutes les informations le concernant,  surtout l’accueil que le personnel s’apprêtait à lui offrir. La petite sœur de Nelly qui l’accompagnait était aussi à la recherche d’un travail, titulaire d’un BTS de comptabilité. Elle sera embauchée deux semaines plus tard après la prise de fonction de Kévin à la Banque sans oublier que Nelly a été confirmée à son poste ! Je jouissais de satisfaction morale pour avoir été un des maillons de ces moments heureux. Ma reconnaissance allait à deux autres personnes qui étaient les maillons forts de cette rencontre : ils s’agit de Nadine, la responsable du bar de l’hôtel et de M. Lobouet, mon compatriote.


La lendemain du dîner,  je devais changer d’hôtel comme  convenu,  en attendant la fin de Camel Trophy. J’ai eu la chance de trouver une place à l’hôtel « Source du Nil » tenu par un certain M Bosco.
Il me dit qu’il ne lui restait qu’une suite qu’il me proposait au tarif d’une simple chambre. Une belle offre. Ma prospection se passait très bien comme je le souhaitais,  Kévin venait les soir me rendre visite, mon compatriote Lobouet prenait de mes nouvelles. Tout était parfait.
Un jour, rentré à midi à l’hôtel,  avant de reprendre le travail l’après midi, le téléphone sonna dans ma chambre,  et la réception m’annonça une visite.  Renseignements pris, le visiteur se présenta comme étant chef d’entreprise,  désireux de figurer dans mon annuaire. Une fois dans ma suite,  je lui exposais le but de ma mission et les biens fondés de l’annuaire. Lui parlant des conditions,  je lui fis part que le paiement se ferait à la parution. Sur l’insistance des questions de mon visiteur,  et surtout le fait qu’il tenait à payer une partie, je compris que j’avais affaire à un flic.
Quand il vit que je ne le suivais pas sur le chemin qu’il souhaitait,  il me dit ceci : « Monsieur, vous devez nous suivre, il y a une plainte déposée contre vous par un certain M N’Kurunziza Deogratias. Le commissaire souhaiterait vous écouter. Répondez exactement comme  vous l’avez fait avec moi, n’ayez crainte ».
Au commissariat, les premières questions : Comment êtes-vous rentrés au Burundi ? Pourquoi faire ? Vos contacts sur place ?….
Je repondis à toutes ces questions, avec des preuves à l’appui. Au commissaire je fis part que mes contacts étaient Mme la Secrétaire générale du Ministère des Affaires Étrangères  et la Chambre du commerce.  Je lui montrais tous les contrats signés. Avant de procéder au recoupement de toutes les informations que je lui avais fourni, il  m’informa de la plainte de M N’Kurunziza.
Effectivement, pendant ma rencontre avec M Deogratias N’Kurunziza,  il m’avait fait comprendre,  qu’il y a  quelques années,  un sénégalais était à Bujumbura,  dans le cadre d’un annuaire.  Et qu’il avait encaissé de l’argent avec certaines entreprises  et n’est jamais revenu justifier le travail. A la différence de cette personne,  moi j’avais refusé tout encaissement.  Ce qui me sauva !
Apres 3 heures d’interrogatoire, de vérification des documents en ma possession et de recoupement, j’étais dans le vrai. Le commissaire comprit qu’il était dans de sales draps, car il reçut l’appel du ministère des Affaires Étrangères de me relâcher immédiatement.  Il fut mis en garde au cas où quelque chose m’arriverait. Remonté contre M N’Kurunziza pour l’avoir induit en erreur, il lui rédigea une convocation pour le lendemain.

Quant à moi, il me présenta ses excuses , et se voit obligé de m’adjoindre un garde du corps pendant le restant de mon séjour. Je ne voulais pas de cette situation mais le commissaire ne voulait rien savoir. Il m’a dit qu’il était maintenant devenu le responsable de ma vie, et que son avenir y dépendait. Il accepta ma condition qui était  que le garde du corps ne soit pas visible à  mes côtés et qu’il soit habillé en civil. Ainsi, j’avais un ange gardien jusqu’au moment de monter dans l’avion.
Kévin et moi, dans nos escapades nocturnes, échappèrent par deux fois à l’attaque des hippopotames ; la première fois, sur le chemin de retour pour l’hôtel après une soirée en dehors de Bujumbura, quand un hyippopotame occupant la moitié de la route a failli nous cogner. La deuxième fois, nous sommes tombés nez à nez dans un tournant avec un hippopotame. Kévin qui était au volant, ralenti et maintient les phares sur lui. A notre grande surprise, l’animal bondit vers nous, et avec sang froid,  Kevin engagea la marche arrière sur près de 500 m, à toute vitesse, avant de rebrousser chemin. Quelle frayeur ! La soirée était ainsi terminée avec cette montée d’adrénaline
Comme quoi, ici les crocodiles et les hippopotames font aussi la loi, un pied de nez à l’homme qui prétend maîtriser la nature. Un défi qui appelle à l’humilité.

4 Commentaires

  1. Un vrai bonheur que de lire cette plongée dans l’histoire récente du Burundi ! Les images défilent au fil des mots et pour celui qui connaît un peu le pays, il est à parier qu’il se retrouvera dans bien des descriptions et impressions faites.

    Merci à vous Prince Mandingue pour ce beau témoignage, votre parcours singulier au quatre coins de l’Afrique est de l’étoffe des romans.

  2. Un homme exceptionnel. Car il a compris que les principes éthiques et les valeurs sont la clé des rapports humains. Son métier est celui des contacts, des relations, de la négociation. Il a fait coïncider tous ces éléments pour en faire son atout. Les voyages ont relevé un autre tempérament. Celui qui a une capacité d’adaptation inouïe pour aller vers les autres, les découvrir, affronter l’inconnu. Ces rencontres aléatoires, sa simplicité – il se déplace par avion, par train… Les moyens de locomotion de chacun. Et c’est dans ces circonstances inattendues que son destin lui réserve des surprises. Ces récits de voyage est une bien heureuse idée pour éclairer sur cet homme incroyable. Une leçon de vie à lui-même !

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