Comme ces centaines d’oiseaux venant des contrées boréales et qui remplissent l’air de leurs symphonies en attendant la saison des amours et des retours incertains, s’attabler au restaurant Pélican relève d’une nécessité écologique. Une halte nécessaire. Jouissive.
Certes, il ne s’agit pas d’un lieu à prétendre au Bocuse d’or. Ce n’est pas pour ses fourchettes que Bernard Loiseau avait accompli le geste suprême. Mais s’il est superflu pour le Guides Michelin, le Pélican gagne pleinement sa place dans le Routard. C’est un melting pot qui vaut bien son nom tant le concert des oiseaux vous donne ce sentiment d’avoir échappé aux sirènes émergentes de Dakar pour une portion d’Amazonie.”
Mais tout de même, voilà un endroit niché en plein cœur du parc écologique Hann Maristes qui vous reconnecte aux enjeux climatiques du siècle. Sans nous attarder sur les plaisirs de la table ou le café, fort de timbre, on peut plutôt vous inviter à considérer ce plan d’eau miraculé face à la pression bétonneuse de Dakar. Le long des allées, il arrive que des bolides circulant envers un décret ministériel coupe le fil de vos rêves en même temps que l’envolée d’une nuée d’oiseaux venus de Banc d’Arguin en passant par le Parc de Diawling. Des randonneurs gorgés de Sodas lâchent quelques bouteilles et plastiques sur leurs pas en ignorant sans doute les accords de Paris sur le climat. Plus loin, à l’intérieur du parc, un tigre de Bengale, vieux et blessé vous rappelle, par ses yeux impuissants, depuis sa cage sécurisée, “Le dernier jour d’un condamné” de Victor Hugo alors que de vieux singes fixés sur des cordages tendus vous renvoient bananes et cacahuètes sous le crépitement frénétique des appareils photos et smartphones. Un couple de vieux lions désillusionnés pousse un rugissement aussi rauque que vain. Dans la mare aux crocodiles, les faméliques sauriens attendent d’hypothétiques quartiers de viandes. Ici, on a la carte de la planète en modèle réduit, l’arctique et l’Antarctique en moins. Ce sentiment d’équilibre précaire d’un espace vert rogné lentement mais sûrement par les activités humaines.