En consommateur lambda, je me méfie de cette formule qui fait florès en ce moment sous la plume des hommes de médias. En effet, qu’est-ce qui est le meilleur pour le consommateur de Bobo Dioulasso si le boubou fait sur place est deux fois plus cher que celui importé de Chine? Patriotisme, me dites-vous? Mais l’on ne vit pas de patriotisme et d’eau fraîche.
Tant mieux si c’est fait par les africains, mais quelle est la valeur ajoutée de ce « Made in Africa » s’il est coûteux et non compétitif? Doit-on acheter la brosse africaine à reluire tout simplement parce qu’elle est fabriquée par des africains? A moins d’être une oeuvre de bienfaisance au service de la promotion de l’artisanat et de l’industrie africaine?
Et puis, pour finir, « fait en Afrique, par les africains et pour les africains ». « Pour les africains », dites-vous? L’africain reste un consommateur qui aspire au juste prix comme tout le monde. S’il faut élever les barrières douanières pour qu’il consomme du sucre local, c’est que quelque chose cloche. S’il faut « Mobutiser » le pouvoir pour qu’il achète son « Abacos », c’est que quelque chose ne tourne pas rond.
J’en étais à ces réflexions bassement matérielles et rationnelles d’un agent économique qui cherche à satisfaire son intérêt égoiste (obtenir le maximum de plaisir pour le minimum des prix) quand une figure familière d’un journaliste panafricain s’interposant dans la lucarne télévisuelle vociférant son « fait par les africains et pour les africains ». A croire qu’il y a dernièrement une épidémie non déclarée de nationalisme sous les tropiques.
Ce confrère présentait aux téléspectateur un journal fait à Paris à cause, disait-il, des coûts élevés de l’impression en Afrique. Et puis, il lança encore cette assertion à la petite brigade des animateurs de l’émission: « C’est un journal fait par les africains pour les africains ». Encore cette sempiternelle litanie. A quoi doit rassembler un journal fait par les européens pour les européens? Combien seront nous au Trocadéro à crier « halte au racisme ». A l’endroit de ce confrère, nous disons que « l’Afrique mérite mieux ». Le journal se fera en Afrique quand les conditions économiques et sociales seront réunies. Quand l’Afrique, francophone, aura au moins un petit distributeur pouvant trascender les frontières. Car jusqu’à présent, en dépit des messes panafricanistes tenues régulièrement à Addis Abeba, un journal africain a du mal à se faire distribuer en Afrique. Ce qui n’est pas le cas d’un journal venant de Paris.
Panda Géant