Par le Prince Mandingue Balla Moussa Keïta

A l’atterrissage à l’aéroport international de Nouakchott en ce mois de septembre réputé le mois le plus chaud  de l’année, j’avais mon visage collé au hublot pour mieux contempler la ville comme je le fais souvent dans d’autres pays. Ici je ne vis aucun immeuble digne de ce nom, ni de piscines dans des villas cossues, à plus forte raison de forêt ou de buissons touffues.

L’avion pique vers l’océan avant de remonter légèrement et je vis un immense terrain désertique traversé par deux à trois voies parallèles  goudronnées: c’était la piste d’atterrissage. Tout au bout, se dressait un grand bâtiment surmonté d’un étage,  mi-cheminée,  mi-minaret. C’était la tour de contrôle. Au sommet de ce bâtiment rustique, une sorte de cerf volant s’agitait dans un mouvement giratoire infini comme pour servir de repère aux pilotes.
Après quinze minutes de piste, l’avion s’immobilisa. Il était 9h du matin et dehors la température était de 30° ! Dès que je me présentais à la sortie de l’avion,  je fus accueilli par un vent chaud qui du coup assécha tout mon visage. Comme si cela ne suffisait pas, un tourbillon de vent soufflant très fort, soulevant la poussière nous accompagna à la salle d’arrivée.

Une fois les formalités terminées, me voici en route pour mon hôtel. Pendant ce trajet, j’avoue que j’avais du mal à distinguer le tracé de la route des trottoirs, tellement l’on se croirait sur un vaste terrain sans bornes. Seul le chauffeur au volant de son taxi brinquebalant sur cette immense terre sablonneuse semblait connaître ou voir la route.

En tout cas, il la dessinait d’une façon virtuelle avec ses pneus. De temps à autre apparaissaient quelques tronçons de goudron comme pour me dire qu’ici il y eut une route. Une fois à mon hôtel labélisé Novotel, je compris tout de suite la qualité de confort dont j’allais avoir droit. Déjà dans le hall, je sentis un semblant de fraîcheur qui tranchait avec le climat du dehors. En avançant vers le comptoir pour m’enregistrer, une voix posée et pleine de chaleur me souhaita la bienvenue. C’était celle du patron, qui en me retournant pour lui rendre la politesse,  se présenta aussitôt : <<Monsieur Kane, DG de l’hôtel>>.
– Enchanté, KEITA de l’AAP ( Agence Africaine de Presse) pour Air Afrique.

– En effet, j’ai été informé de votre venue. Sachez qu’il vous reste encore des échanges marchandise pour une trentaine de nuitées. Le contrat a été signé avec votre prédécesseur, je vous souhaite bon séjour et n’hésitez pas à me solliciter pour toute question ou appréhension pour la réussite de votre mission».

Le réceptionniste qui écoutait avec attention mon échange avec son patron avait reçu d’une manière indirecte les consignes me concernant. Il m’enregistra de la manière la plus aimable et invita le bagagiste à m’accompagner dans ma chambre. Ce dernier très souriant, s’exécuta et me fit signe de le suivre en nous engouffrant dans l’ascenseur. Une fois dans ma chambre,  je lui posais la première question que je demandais à l’époque à tout réceptionniste ou bagagiste dans tous les hôtels du monde où je séjournais, à savoir de quel côté se lève le soleil, l’est ?; direction vers laquelle tout musulman doit faire face pour accomplir sa prière, c’est la direction de la Mecque. Aujourd’hui avec l’évolution de la technologie,  on peut s’orienter facilement à l’aide de nos smartphones ou autre ordinateur et montre… Malgré tout on aura toujours besoin de l’homme,  la meilleure des richesses. L’homme sans lequel,me disait feu mon père, paix à son âme, «il n’y a ni savoir, ni avoir, ni pouvoir» ! Nous venons dans ce monde dans la main de l’homme et nous partons une fois mort dans la main de l’homme.
Installé dans une chambre au 3e étage dans un édifice de 7 niveaux, je prenais mes repères. Comme toutes les chambres que j’ai connues dans les autres Novotel à l’époque, on avait droit à :
– un service aux chambres 24h sur 24, 7 jours sur 7
– Minibar
– Téléphone
– Sèche cheveux
– Coffre fort
– Climatisation
– Télévision
De nos jours avec l’évolution, il faut en plus : la bouilloire, la machine à café, le WiFi,  la télévision à écran plasma,  avec des chaînes de télévision par satellite, réseau par câble ou fibre optique…
Après un repos bien mérité dans cette chambre bien climatisée,  je me devais de reprendre contact avec l’extérieur, en transitant par le réceptionniste qui reste un maillon fort dans la chaîne du protocole que je m’impose pendant tous mes voyages. Ce protocole consiste à profiter de chaque relation pendant mon trajet pour mieux m’informer et m’imprégner des nouvelles de la situation du pays à visiter ; il commence par mon voisin dans l’avion, le policier qui cachète mon passeport,  le taximan ou le conducteur de la navette, le bagagiste, les journaux, les prospectus publicitaires, etc… Ainsi, une fois blindé d’informations,  me voici devenu ‘maire’ de la ville ! Je sais où mettre les pieds ou pas, ce qu’il faut dire et ce qui ne plaît pas, la patience et la courtoisie à adopter au téléphone selon les coutumes du pays.
J’ai reçu un bon accueil au siège de la représentation d’Air Afrique, par M Ba Guéladjo, d’apparence introverti, pas très expressif mais disponible et très pragmatique. Il mit tout son poids pour le succès de ma mission. Mission qui consistait au renouvellement trimestriel de Balafon, guide annuel des Hommes d’affaires Air Afrique. De prime abord, ma prospection visait les entreprises qui travaillaient directement avec la compagnie Air Afrique, avant de l’élargir à d’autres comme les sociétés de navigation et de pêche, en passant par les infrastructures hôtelières et touristiques, sans oublier le secteur minier, en l’occurrence la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM), fleuron de l’économie Mauritanienne, créée en 1974 par la nationalisation des Mines de Fer de la Mauritanie (MiFerMa) fondée en 1952…
Moi qui d’habitude aime m’attabler dans un café entre deux rendez-vous, sortir les soirs pour les restaurants et les boîtes de nuits va être confronté à un manque cruel ; ici pas de cafés dignes de ce nom, sauf quelques rares pâtisseries, souvent pas de chaises pour s’asseoir, pas de boîtes de nuit. Nous sommes dans une République islamique, officiellement l’alcool est interdit, sauf qu’à certains de mes rendez-vous, certains de mes interlocuteurs m’en proposaient dans leurs bureaux dotés d’un minibar. Quel n’était pas leur désarroi pour ne pas dire leur gêne quand je répondais que je ne buvais pas. La personne rangeait aussitôt la bouteille pour m’annoncer que c’est tout juste pour les étrangers,  leur souhaiter ‘ Marhaba bikoum ( la bienvenue), quelle Hypocrisie ou cachoterie  ! Je finirai par comprendre que chaque fois que ce genre de propositions m’était faite, c’était des rendez-vous matinaux, au moment où le personnel n’était pas encore arrivé, aussi profitant de l’absence de la secrétaire, on pouvait boire et se brosser après… Un jour, pour avoir dit non à la proposition de trinquer , mon interlocuteur ne sachant que faire,  m’offrit un Coran en guise de marhaban bikoum.

Ma position de non buveur d’alcool fit que certaines personnes se méfiaient de ma compagnie, évitaient finalement de m’inviter après le boulot. Il est vrai que ma personne suscite souvent la controverse aux yeux de certaines personnes, quand elles me voient toujours habillé à l’occidentale, dégageant la joie de vivre, en envoyant l’image d’ un homme du monde, et de se rendre enfin de compte que je ne bois pas d’alcool. Je réponds toujours à mes interlocuteurs que je vis d’énergie naturelle, réponse qui, un soir à Libreville, a provoqué un fou rire chez feu le Président Oumar Bongo du Gabon…

Ma mission se prolongea à Nouadhibou la capitale économique et la deuxième grande ville après Nouakchott, la capitale politique et administrative.
Ici j’avais réservé dans l’hôtel Oasian à la cité SNIM, dans le quartier Cansado, qui veut dire en portugais fatigué au masculin, cansada au féminin. A l’évocation de ce nom, j’ai deviné tout de suite que les portugais sont passés par là. J’ai beaucoup aimé la ville de Nouadhibou avec son grand quartier ‘ grouillant de monde, où se trouvent le grand marché, les restaurants et autres échoppes. Entre mes rendez-vous professionnels, aussi quelques fois les nuits,  j’aimais y flâner dans les dédales en appréciant les étales, mais aussi les plats que je dégustais dans ses gargottes parfois aussi insalubres que bouillants ! Ici ce qui comptait et qui me permettait de m’adapter c’est la chaleur humaine, la convivialité, le partage, la solidarité, qui tranchaient totalement avec ces restaurants où l’on mange et échange à la lumière feutrée, sans élever la voix ; chacun dans son chacun…
La rencontre de Hadia Kane à Nouadhibou apporta une dimension supplémentaire à mon séjour, en le rendant plus agréable qu’instructif. Hadia K avait fait ses études supérieures à l’université d’Abidjan, et son meilleur ami était mon cousin, avec lequel elle passait le week-end à la maison. Il était devenu un membre de la famille, un frère ! Il me fit quitter l’hôtel pour aménager chez lui dans la cité. Il était jeune cadre, comptable de la Société SNIM, bien logé avec toutes les commodités, bien sûr sans coupure intempestive d’électricité. Avec lui, je n’étais plus seul, il se montra disponible en me faisant connaître d’avantage la ville, me fit profiter de ses relations non sans me faire visiter la SNIM, quelle aubaine ! Au moment de nous dire au revoir à l’aéroport de Nouadhibou, Hadia Kane, une fois de plus appela sa famille à Nouakchott, en l’occurrence son frère aîné et sa fiancée de bien vouloir m’accorder leur bienveillance pendant le peu de temps que je devais passer avant mon retour à Abidjan. Sans faillir aux recommandations,  son grand frère m’invita à dîner en famille, et sa fiancée, Safiatou Sall, fille d’un ancien président de l’assemblée nationale Mauritanienne,  me gratifiant d’un beau cadeau destiné à ma maman,  il s’agissait d’une tenue traditionnelle du pays ( le melfa ).Geste que je n’oublierais jamais de ma vie, faire plaisir à ma génitrice ! A mon retour à Abidjan, ma mère étreint le cadeau avec appréciation en égrenant des bénédictions pour la stabilité du nouveau couple.
Revenu quelques années plus tard à Nouakchott, cette fois-ci dans le cadre d’une mission de la CMAOC ( Conférence des Ministres de l’Agriculture de L’Afrique de l’ouest), je devais travailler avec le Ministère du développement rural dont le titulaire était le Colonel Lekhal. La ville n’avait pas changé, les rues non plus, à la différence que cette fois-ci j’ai pris quartier à l’hôtel ‘Halima ‘tenu par une famille maroco-mauritanienne dont le Directeur général s’appelait Aziz Kabbage. Jeune et réservé, il était à l’époque partagé à gérer l’hôtel et à s’occuper de son père malade. Compte tenu du lien que j’avais pu tisser avec Aziz et sa maman, Mme Kabbage Marietou,  avaient fini par m’accepter,  comme membre entier de la famille. C’est ainsi que je prendrai une part active aux obsèques du père Kabbage. Après les obsèques, je rendais tous les jours une visite matinale à maman Marietou pendant toute la période de deuil pour m’enquérir de ses nouvelles, aussi lui apporter mon soutien moral et filial, compatissant ainsi à la douleur qui était la sienne.
Ce deuxième séjour fut totalement différent du premier à tout point de vue : J’avais des repères, je connaissais plus de monde, et j’avais aussi bénéficié d’introduction, versus l’ambassadeur de la Mauritanie en Côte d’Ivoire,  en l’occurrence M Y. DIAGANA auprès de son frère M D. Diagana, qui était à l’époque Secrétaire général du puissant ministère de la pêche. Un monsieur humble, pétri d’humanité, un grand commis de l’état,  ce genre de serviteur dévoué pour sa patrie dont tout pays a besoin. Il avait, et il a encore une très bonne réputation en Mauritanie pour avoir servi dans plusieurs ministères avec disponibilité et discrétion. Il aurait même refusé d’être nommé ministre, car il a toujours pensé qu’il servirait mieux son pays en restant à la place qu’il avait choisi, c’est-à dire être en contact direct avec les hommes, il mérite le code d’honneur ! Pour moi, il est de la classe de ces hommes que j’appelle les personnes ressources, qui doivent être consultées à  tout moment par les autorités en Afrique, mais hélas…
J’ai eu l’insigne honneur de connaître l’Ambassadeur Mauritanien en Côte d’Ivoire,  grâce à sa fille H DIAGANA qui était employée dans le service commercial de mon entreprise,  la SAFCOM ( Société Africaine de Communication).. Il lui a suffit d’aller informer son père que son patron devait effectuer un voyage en Mauritanie, que je bénéficia d’un rendez-vous auprès de son Excellence M l’ambassadeur, qui me fit l’honneur de me recommander à son frère. Aussi j’ai bénéficié de l’apport de toutes les relations que j’avais pu tisser au sein de la communauté Mauritanienne, que regorgeait la BAD ( Banque Africaine de Développement), Air Afrique, autres entités, et surtout parmi la jeunesse estudiantine ! La meilleure des richesses étant le capital humain, je ne rongeais plus mes freins dans un coin du bar de l’hôtel en ingurgitant verre sur verre du jus de baobab ( poudre de singe), avec pour seul compagnon un belge du nom de Jacques Mascré. Retenez bien ce nom. Ce voyage ci ayant coïncidé aux grandes vacances, je me retrouvais avec quelques unes de mes amies d’Abidjan qui étaient venues se ressourcer,  ce qui donna une note particulière à mon séjour. Ma mission se passait très bien au ministère du développement rural, auprès du Colonel Lekhal, qui m’avait confié à son neveu et membre de son cabinet, de veiller à ce que tout se passe bien. J’eu la chance et le privilège de rencontrer des opérateurs économiques dont les entreprises représentaient la vitrine Mauritanienne, mais aussi les hautes autorités du pays qui m’accueillirent avec beaucoup de chaleur, grâce aux recommandations de M Djimé DIAGANA, grand commis incontestable et incontesté de l’Etat. Ainsi, après une journée bien remplie sous une température de plomb, et souvent accompagnée de tempêtes. Tenez, en parlant de tempête, un jour parti très tôt de l’hôtel non sans dire au revoir à la réceptionniste, je fus témoin et victime d’une tempête en plein centre ville, qui dans son élan m’envahit dans un tourbillon de sables pénétrant dans mes narines, mes yeux, et dans ma bouche, en ne me laissant aucune possibilité de voir, ni d’entendre convenablement,  ou d’ouvrir ma bouche. Le vent soufflait dans tous les sens en soulevant de la poussière, ce qui réduisît la visibilité et obligeait les conducteurs à allumer les phares pour mieux voir, pour moi c’était l’éclipse ; la nuit en plein jour ! Pris de panique par ce spectacle qui apparaissait pour la première fois dans ma vie, j’ai eu pour salut un boutiquier, qui non loin de moi, vint à mon secours en me tirant dans sa boutique. C’est là que je compris, que j’avais eu tort de me moquer de ces européens,  surtout les membres de peace Corp que je voyais enturbannés comme des mauritaniens. c’était plus pour se protéger du vent de sable que par snobisme. De retour à l’hôtel, je remarquais que la réceptionniste me scrutait avec insistance, et finit par me poser cette question : «< M KEITA, avez-vous changé de costume ? >
– Non répondis-je,  pourquoi ?
– votre costume a changé de couleur
En effet, mon costume était recouvert de poussière et avait pris la couleur du sable.  Le même jour  j’accouru au marché pour aller m’acheter six mètres d’étoffe de turban ( le hawouli) en maur, pour me protéger à mon tour, m’enturbanner en cas de tempête. Inutile de vous dire que pour se parer dans ce turban, cela demande un apprentissage.  C’est tout un art, selon qu’on veuille laisser son visage découvert, ou se camoufler, en ne laissant apparaître que les yeux… M’y habituer fut difficile, surtout quand il fallait le mettre sous une température de plomb ; j’avais la sensation par moment d’avoir un fer à repasser sous cette étoffe, qui confère une fière allure quand elle est bien nouée !
Les soirs venus, après quelques heures de repos sous le fréon dans ma chambre, j’avais droit pratiquement à  des invitations à dîner dans des familles, versus ces vacancières venues d’Abidjan ou souvent par des jeunes dames qui possédaient des garçonnières, espace de liberté et de défoulement ; ici on y buvait et mangeait, au son de la musique à la mode, à l’abri des regards indiscrets, des critiques désobligeantes. Dois-je vous rappeler que nous sommes dans une république islamique,  donc officiellement pas de boîtes de nuits, pas de bars, la vente d’alcool y est interdite. En un mot ici pas de lieux de divertissement dévergondés qui feraient la promotion de la dépravation des mœurs. Fasse à des interdits excessifs, à la censure, l’homme se sentant moins libre de ses mouvements, et de ses choix, devient imaginatif et fini toujours par trouver des échappatoires, pour mieux s’affirmer, se réaliser, se sentir libre ! Ainsi d’invitations en explorations, je fus des découvertes aussi surprenantes qu’ingenieuses  : Une grande salle, mi restaurant,  mi bowling-club nommée ‘ Casablanca’ au milieu de laquelle trônait une grande table de billard, sur les côtés étaient disposés des tables et des chaises. Je me suis aussitôt joint aux joueurs de billard et partagea quelques parties qui se soldèrent par me faire de nouveaux amis. En effet j’avais appris à jouer aux billards en 1976 à Lomé, au Togo, j’y excellais ! Patatras, les rideaux sont tirés, la lumière devient tamisée, le frottement et le bruits des bouteilles et verres sur le comptoir créent comme par enchantement une ambiance festive. Il était minuit, l’heure fatidique, l’heure du ‘ crime ‘ pour les initiés, oui il était l’heure de lever le coude, a chacun son verre, à son alcool.  

Embaumé par l’effluve des alcools, enfumé par les cigares et cigarettes, j’ai dû quitter les lieux aussi embrumé qu’aveuglé. C’est quand une fois dehors, l’appel du muezzin pour la prière de l’aube, que j’ai compris que la nuit avait cédé sa place au jour.
Pour tranquilliser, sinon rassurer certains esprits chagrins qui se posent ou se poseraient la question à savoir comment se fait-il que quelqu’un qui ne boit pas, connaisse tant l’alcool jusqu’à leur classification ? Pour vous répondre ; après plusieurs mois de recherche de travail pour obtenir un poste dans une entreprise de communication, ou commercial, sans succès,  j’ai participé à un concours au lycée technique d’Abidjan au profit de Novotel qui s’installait à Abidjan, admis, je devais suivre un stage de six semaines, moyennant une modique somme en fin de chaque semaine, ainsi mon week-end était assurée. C’est au cours de ce stage que j’ai su, ce qu’est l’hôtellerie : L’hébergement, la restauration… Après une formation polyvalente, je fus affecté comme caviste pour avoir suivi les cours sur la viticulture et les régions vignicoles de la France,  d’où ma connaissance des vins et liqueurs…
A mon réveil, j’ai trouvé au restaurant de mon hôtel celui qui était devenu mon ami d’infortune  car nous passions des après-midi en ensemble,  sifflotant des verres et des verres de jus de de baobab, j’ai nommé M Jacques Mascré, le client belge. Il m’attendait de  pieds fermes et attaqua: « Dites moi, que faites vous comme boulot ? Aussi je remarque que vous recevez beaucoup de visites et d’invitations…
– Je travaille dans la communication, et je rétorqua aussitôt, en lui disant : vous recevez aussi de la visite,  sauf que je constate que vos visiteurs sont plus classe et plus nantis. Dans quoi travaillez-vous ?
– Je suis banquier, représentant placeur
– C’est-à-dire ?
– Je recherche les personnes riches, bien placées, fortunées, je les aide à fructifier leurs affaires en procédant à des achats de part dans des entreprises étrangères sans dévoiler leurs réelles identités. Je travaille pour la Banque de Crédit de Luxembourg.
– Vous voyez que j’avais bien deviner, avec des Mercedes aux vitres teintées qui n’arrêtaient pas de garer devant l’hôtel, et vous embarquer…
– Vous avez raison, par contre la prochaine fois que vous sortirez le soir, merci de m’amener avec vous.
– Promis !
Jacques Mascré était devenu un client assidu de Casablanca, il s’y rendait sans ma compagnie. Il a été,  il est, et sera un ami à jamais pour la vie ! Une fois de plus retenez bien ce nom, car la rencontre de cet homme à Nouakchott sur la terre Mauritanienne n’était pas fortuite,  le hasard n’existe pas chez Dieu. Au bon moment, il aligne les étoiles pour que les choses soient. Une partie de mon destin se joua ici, en rencontrant cet homme…. Qui peut croire ? Qu’advint-il ?…
Pour une fois que j’avais décidé de ne pas sortir ce soir sur Nouakchott,  je prenais de l’air devant mon hôtel en ravalant de la poussière et comptempler des voitures et des passants, voilà qu’une Mercedes roulant a tombeau ouvert me dépassa, presqu’en me soulevant pour me projeter légèrement du bas côté de la chaussée, non sans frayeur par la puissance du vent qu’il produisit, avant d’aller freiner avec fracas à six cent, huit cents mètres, et entama une marche arrière. Quand il stoppa à mon niveau, je m’attendais de sa part soit des excuses ou des remontrances à me proférer. Et de mon côté, j’étais prêt à rétorquer qu’il n’était pas en rase campagne pour s’adonner au rallye ! A mon grand étonnement, quand le passager descendit la vitre,je m’entends dire avec une voix enfumée : « Que fais-tu ici ? ». Au même moment que je dévisageais la personne, que je m’écria : «  Richard, Aniki Richard !». C’était un ancien collègue de l’Agence Africaine de Presse, de nationalité camerounaise. Il descendit de la voiture, nous échangeâmes des accolades,  je l’entraîna dans le hall de mon hôtel, mais pressé qu’il était, il prit le numéro de ma chambre en promettant qu’il repassera me prendre à 20h pour aller dîner.
Nous voilà à la résidence de Son Excellence M ..l’ambassadeur de la  République du Z en Mauritanie. Richard me présenta, et après quelques amabilites, Son Excellence me proposa à boire. Mon ami Richard se précipita et lui répondit que je ne buvais pas de l’alcool, et au grand désarrois de l’ambassadeur et de l’assistance, on me servi de la sucrerie. Oui en parlant de assistance,  j’avoue qu’il y avait  monde, et du beau monde ; des belles dames bien habillées,  des hommes dans de beaux boubous brodés avec faste, dans des costumes bien taillés. On avait faire au monde diplomatique et des hauts cadres de l’administration. L’atmosphère, l’ambiance laissaient voir qu’on était dans un club privé, seuls quelques privilégiés et initiés avaient droit. J’étais très content d’être dans ce milieu huppé, truffé de décideurs,  il y avait matière à Savoir, Pouvoir, et Avoir. En effet fidèle à l’héritage de feu mon père, j’eu sur place des contacts qui aboutirent à de contrats en bonne et du forme dans le cadre de ma mission. Que veut le peuple !
Assis dans cet immense salon, j’ai l’impression d’être  dans un bar, plutôt un louange où verres et bouteilles s’entrechoquent en couvrant des voix enrouillees et imbibées dans une osmose de tabac et d’alcool qui pourrait inspirer un parfumeur, a la recherche d’effluves hors du commun !
Un peu perdu dans cette résidence qui faisait office d’un grand bar, que je qualifierais même de cave, tellement les différentes étagères qui entouraient cette salle, étaient ornées de toutes sortes de marques de liqueurs. A l’image d’autres résidences que j’avais visitées, où la bibliothèque de maison étaient bien fournies, s’illustraient de bouquins de grands écrivains et scientifiques, ici ce sont les bouteilles de par leur formes et leurs contenus qui rivalisaient…
On y va Balla-Moussa,  ici c’était pour l’apéro,  maintenant on va aller dîner,  me grommela mon ami Richard. Je présentai mes remerciements à l’hôte de la maison et pris congé, en promettant de revenir sur l’insistance de l’Ambassadeur qui a émis le souhait de me revoir.
Changement de lieu,  changement de décor, m’attendant à un restaurant classique, me voici de nouveau chez un autre diplomate, saharaoui, Ahmedou Ould Shein du Front Polisario. L’homme est affable, et charmant. Dans un ton plein de chaleur, il me fit signe de m’asseoir, après le protocole d’usage. Je m’assis à même le sol, sur un beau tapis moelleux, ornés de coussins tout aussi moelleux servant de dossiers ou d’accoudoirs, et tout autour des petits tabourets sur lesquels étaient posés des verres de lait et des assiettes de dattes. Avec ce style oriental, le cadre est relaxant et décontractant, l’alcool était servi avec modération et on essayait de l’ingurgiter avec discrétion, par pudeur de ne pas se dévoiler, surtout quand il ya quelqu’un dans l’assemblée qui fait exception ; ma présence dans ce genre de milieu a toujours géné. A peine arrivés que le repas est servi par le chef cuisinier accompagné de serveurs. En compagnie d’autres invités,  nous dégustâmes avec voracité des gigots agrémentés de petits pois et de frites, étalés dans de gros plateaux posés au milieu sur ce tapis,  autour duquel nous formions une ronde, en y plongeant nos mains en guise de couverts pour mieux savourer et apprécier la tendreté de cette chaire de chamelle qui, dégageant de succulentes saveurs  en disaient long sur la qualité et la richesse des épices de cette contrée.
La soirée était belle avec du beau monde, arrosée, enfumée. Nous étions tout simplement embaumés, ivres de joie de vivre ! Notre hôte d’ambassadeur m’ayant pris en estime au prime à bord, me fit part que sa résidence m’était grandement ouverte. Nous eûmes de très bonnes relations dans le respect mutuel de la conviction de chacun
Quelle aubaine que d’avoir rencontré mon ami Richard, dénicheur de coins secrets dans une république d’interdits, un vrai connaisseur ! Richard était de nature calme quelqu’un de très posé, pas expansif mais sociable, adepte de la non violence et de la bonne bouteille, il aimait la vie, notre point commun. Parti de l’agence avant moi, il avait eu à l’époque à m’apporter son assistance pour la réussite de mon travail pendant une de mes missions à Douala, d’où il est originaire, ce fut un séjour merveilleux et inoubliable.
Le lendemain matin un samedi, le réveil fut difficile, on ne me vit pas au petit-déjeuner buffet. Ce n’est que vers 13h de l’après-midi que je me présenta au restaurant où m’attendait mon ami et compagnon de l’hôtel Jacques, qui ayant constaté mon absence la veille, et au petit-déjeuner,  piaffait d’impatience pour que je lui crache tout ce que j’ai pu faire la veille. Je contournai ses questions en lui proposant une sortie le soir même car j’avais appris l’existence de deux night-clubs tolérés qui se trouveraient, l’un, du côté de la plage, et l’autre dans un quartier ‘ Maure ‘. Nous décidâmes de commencer notre exploration par le second.  C’est ainsi que nous nous trouvames dans une sorte de labyrinthe dont les murs étaient totalement couverts de miroirs de la rentrée au bout, de haut en bas, reflétant nos images, et les jeux de lumières à vous aveugler. Curieusement tout le monde était assis, certains à même les escaliers qui menaient à la piste, une sorte d’estrade. Ces positions assises me rappelaient bizarrement, ce qui m’était donné de voir dans les bureaux pendant mes prospections ; des visiteurs assis alignés par terre, derrière le bureau de la secrétaire donnant l’impression d’être dans une assemblée de mariage ou de baptêmes, le thé était servi a volonté. Au milieu la secrétaire qui trônait sur son bureau. Intrigué par ce spectacle, j’avais toujours comme réponse : « ici c’est comme ça, c’est une histoire de tribu, ils viennent rendre visite à leur parent qui est le patron ( ministre ou directeur) ».
Constatant qu’il n’ y avait que de jeunes, et que l’atmosphère dans cette boîte de nuit ne nous convenait pas, nous primes congés pour nous retrouver dans la seconde boîte. Là des petits salons douillets entourent la piste inondée d’un jeux de lumières giratoire, qui donne un cachet de night club digne d’une ville moderne et laïc. Calfeutrés dans un coin de cette boîte face à la piste, situé entre la rentrée principale et les toilettes, rien n’échappait à notre vue.
A peine que le DJ lance le titre Marietou de Bonkana Maiga, qu’un groupe de dames enroulées de la tête aux pieds dans leurs melfa ( tenue traditionnelle ), franchisse la porte, tout en cadence, et en osmose avec cette symphonie sonrai, dominée par le son de la flute, comme si on était à un défilé de modes pour s’elancer directement vers les toilettes . Avec surprise et étonnement, revoilà ces dames qui reviennent dans la salle toutes jubilatoires, habillées à l’occidentale, soit en pantalon ou en jupes, avec des hauts osés mettant en exergue leur beauté dans toute sa splendeur. Arrivées emmitouflées dans leurs déguisements, elles étaient totalement métamorphosées, des gravures de mode ! Là le terrain était propice à conter fleurette. Je m’y attela avec discrétion, car ici tout doit se faire avec cachotteries… J’avais eu droit au même spectacle dans l’avion en partance pour Las palmas. Au départ de Nouadhibou, toutes les passagères Mauritaniennes étaient en melfa . Dès que l’avion a pris son envol , c’était un vrai embouteillage pour accéder aux toilettes ; résultat, elles y sortaient en gladiatrices avec les cheveux relâchés,  au gré du vent, en pantalons jeans bien moulants,prêtes à affronter la vie, libres et indépendantes…

Tichitt

Tichitt, ville située à près de mille kilomètres de Nouakchott, au centre sud de la Mauritanie, dans la région de Tagant qui signifie dans la langue berbère ‘ forêt ‘. Quelle paradoxe ! Une région dite forestière, n’est qu’une étendue de sable, un désert. Deuxième paradoxe, Tagant est aussi appelé ‘ désert des crocodiles ‘, où je ne vois ni fleuve ni mer. A la réflexion, je me suis dit que certainement, ici naguère, la mer côtoyait la forêt ; un ouragan a dû passé par là. Le destin a voulu que je me retrouve dans cette ville de Tichitt inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1996, à la faveur de la visite d’un groupe de députés français’ les amis de la Mauritanie ‘. Invité par un ami proche du Président de la République, en tant que relations médias, j’étais sensé m’occuper du séjour des journalistes invités aussi pour l’occasion. Ainsi après 48h a Nouakchott en provenance de Paris, nous fûmes embarqués dans un hélicoptère, qui à peine pouvait prendre une dizaine de personnes à bord pour Tichitt. Il a dû faire plusieurs rotations pour que l’ensemble de la délégation française, les journalistes et autres invités puissent être sur les lieux, avant l’arrivée du Président de République qui était prévue le même jour, au soir, protocole oblige. Le lendemain, nous fûmes réveillés très tôt pour assister à différents événements qui devaient se dérouler sur toute la journée, jusqu’à très tard la nuit : Après un bon petit-déjeuner qui nous requinqua, nous voici sur une grande place avec stands montés et achalandés de tout ce que vous pouvez imaginer dans une foire commerciale,  car c’est de cela qu’il s’agissait. Entre l’alignement des stands vis-à-vis, était étendu au sol, et sur une bonne centaine de mètres un tapis rouge, qui par endroit s’enfoncait dans du sable, signe qui présageait la présence du chef de l’état,  le Président Abdel Aziz. De cette place où les hommes et femmes parés dans leurs plus beaux boubous,  enturbannés et élégants, s’élèvent des clameurs annonciateurs d’une journée festive et pleines de découvertes. L’arrivée de Monsieur le Président de la République provoqua une fièvre qui s’empara de la foule, par des cris, des applaudissements, des yoyos, une manière de lui souhaiter la bienvenue, sous une chaleur de plomb. Que la fête commence ! En réponse à cet accueil bon enfant,  il coupa aussitôt le ruban d’ouverture,  et commença la visite des stands, qui décorés avec des ornements locaux,  mettaient en lumière le savoir être et le savoir faire de ce peuple a l’histoire multi séculaire. Au milieu de cette foule enthousiaste et presque uniforme aux couleurs locales, qui suivait le chef de l’état de stand en stand, je me distinguais par mon boubou à la teinture multicolore made PatheO. Je profitais de cette distinction pour me faufiler et franchir le cordon sécuritaire pour me retrouver près du Président Abdel Aziz, à qui je me présentai et qui accepta mon salut fraternel, en m’accordant quelques poses de photos. Après le parcours des stands, on eut droit a des danses, de la poésie, le tout accompagné par des talentueux instrumentistes distillant de la musique aux sons arabo berbère et mandingue. Dans cette ville à l’architecture magnifiques avec ses bibliothèques dont les manuscrits datent des siècles, je ne puis m’empêcher de constater la diversités des tribus qui créent un environnement culturel aussi enrichissant que fascinant. Pour avoir eu plein la vue, le moment était venu d’en avoir plein le palais pour satisfaire l’estomac qui commençait à réclamer pour mieux supporter et apprécier les festivités de l’après-midi.
Assis en cercle concentrique sur de beaux et ondoyants tapis étalés à même le sol, position qui étaient inconfortable pour certains, nous dégustions de succulents plats servis dans de gros plateaux déposés au milieu des convives. Nous devrions manger avec nos mains, car ici pas de tables à manger, les fourchettes et cuillères restaient quand-même facultatifs pour ceux qui ne savaient pas se servir de leur la main. Les bonnes odeurs qui se dégageaient de ces plateaux garnis de couscous et de gigots d’agneaux rôtis étaient un signal olfactif qui parfumèrent et enrobèrent cette grande pièce, qui servait de salle à manger. Nous terminames ce festins en ingurgitant un thé à la menthe, boisson fétiche des sahéliens. Pour la centaine de personnes que nous étions repartie autour d’une dizaine de plateaux, l’atmosphère était tout simplement conviviale. Alourdis par le repas qui fut fastueux, on aurait bien aimé avoir droit à une sieste, mais nous étions attendus pour la suite des festivités. Nous rejoignîmes la foule massée en face d’une grande place, où étaient alignés des chameaux surmontés chacun de son cocher prêts à rivaliser dans une  course, à la grande joie des spectateurs. Les dromadaires étaient richement harnachés, leurs cochers habillés dans leurs tenues d’apparat, n’attendaient plus  que le coup de fusil qui donne le départ. Les dromadaires s’elancerent en soulevant un nuage de poussière, qui au gré du vent dessine des figures ondoyantes qui noient les cavaliers en les rendant invisibles. Perchés avec quelques personnes derrière une pick-up roulant à  vive allure, nous poursuivions la course en ravalant de la poussière, aussi le vent qui soufflait très fort me décoiffa en emportant ma casquette, que je vis prendre de la hauteur comme un cerf volant, et disparu définitivement. Après le décernement du prix du meilleur cavalier au premier de la course, les concurrents s’adonnèrent aussitôt à une pratique ancienne de la culture arabo berbère appelé fantasia. Elle relève d’une tradition,  où les cavaliers munis de fusils à poudre noire chevauchent leurs montures, simulant une charge de cavalerie dont l’apothéose est le tir coordonné d’une salve de leurs armes à feu. La fantasia se pratique aussi à dos de chevaux. La fantasia accompagne le plus souvent les fêtes importantes ( mariages, naissances, fêtes religieuses etc…) tout un art !
Euphorique et avec une certaine audace, j’ai pas hésité avec la permission et l’aide de quelques cavaliers,  à chevaucher un des dromadaires, satisfaisant ainsi ma curiosité, et bravant ma peur. C’est à l’applaudimetre que mon geste fut apprécié par la foule sous le regard médusé de mes amis. Au même moment je me remémorais que j’avais déjà tenté la même prouesse au Caire en Égypte quand je visitais les pyramides de Giseh. Quels souvenirs ?
Dans cet environnement féerique, où nous allions rudesse et finesse, après l’équitation, nous voilà assis sur des dunes. Le sable est si fin et si doux, que nous nous essayâmes à des jeux d’enfant, c’est-à-dire comme sur des toboggans, en nous laissant rouler du sommet de la dune jusqu’en bas,  tout en comptemplant la vue panoramique qui était magnifique. Un ravissement pour la vue, un apaisement pour l’âme ! Nous attendîmes le coucher du soleil qui fût émerveillement dans cette immensité où le le vent et le silence inspirent…
La température s’était adoucit, les étoiles et la lune scintillants dans le ciel bien dégagé, annonçaient la nuit quand nous regagnions notre hôtel afin de nous préparer pour la suite et la fin de cette journée marathon. Installés à la tribune, après une bonne douche requinquante et un dîner aussi copieux que le déjeuner, nous attendions avec impatience l’arrivée du Chef de l’état pour présider l’événement clé, le Maouloud ( la commémoration de la naissance du Prophète Muhammad saw). Présents sur place  les imams et quelques érudits accueillirent le Président de République en psalmodiant des versets coraniques pour marquer la solennité de cette nuit bénie. Dans son prise de parole le Président adressa un message de paix et de remerciements à son peuple et aux invités, avant de laisser les oulémas lire le noble Coran, suivi de prêches durant trois heures de temps. Il était 1h30 du matin, quand le président pris congé de la foule. Ainsi prenait fin les festivités de cette fête studieuse et religieuse, qui j’apprendrai était tournantes chaque année entre les différentes villes historiques de la Mauritanie,  à savoir Chinguetti, Oualata,Ouadane, et bien sûr Tichitt qui nous a reçus.
Après cette longue journée,  qui fût très riche en découvertes, et non moins éreintante, quelle ne fût pas ma surprise à 2h du matin au moment de me coucher quand j’ai reçu un coup de fil me disant que le Président de la République était prêt à me recevoir avec l’ensemble de la presse, quel honneur ! J’ai dû me rhabiller et aller toquer aux portes de mes amis afin qu’ils s’apprêtent rapidement pour répondre à cet appel, qui pour moi était historique ; c’est la première fois de ma vie qu’un président me recevra à 3h du matin ! c’est avec beaucoup d’humilité que nous fûmes accueillis. Apres les salutations d’usage, je pris la parole, remercier le président et lui présenta un à  un chacun des journalistes,  qui a leur tour lui posa des questions et le remercia avec respect.
J’avoue que le début de la rencontre était un peu tendu, était-ce dû à la personnalité du président d’un abord austère, du fait que nous étions fatigués, ou de la nuit profonde ? Toujours est-il qu’au fur à mesure je parlais,  l’atmosphère se détendit, il écoutait avec attention, et répondait quand il voulait. Après un pot qu’il nous fit servir par son protocole, il nous raccompagna jusqu’à la sortie du bâtiment avec des poignée de mains fermes dignes d’un militaire. Au revoir, c’était son dernier mot, après une quarantaine de minutes d’échange.
Envahi d’un sentiment de fierté, je regagnai ma chambre avec les images de cette journée riche qui s’entrechoquent dans ma tête.  A l’instant je pensais à une seule chose, dormir et dormir. Mais à peine les yeux  fermés que mon voisin de chambre commença à ronfler de plus belle, tel un Boeing qui prend son envol, et par moment c’était le vrombissement dans un trou d’air ! J’eus mon salut qu’en prenant ma couverture pour rejoindre le groupe qui dormait à la belle étoile, à côté un feu de camp. La température était glaciale et je m’endormi à point fermé, avec pour couverture la peau de chameaux.
Le réveil fut difficile pour tout le monde, tellement la veille fut une journée très chargée avec son lots de découvertes.
La journée d’aujourd’hui,  plus relaxe était dédiée à des visites de la ville pour mieux apprécier ses maisons construites avec de la pierre taillée, mais surtout découvrir et comptempler la maison des manuscrits. Des vieux manuscrits aux pages jaunies et à l’écriture a ppliquée, s’empilent et attendent que la poussière, le vent et le temps ne prennent le dessus. Ce sont des écrits qui datent pour la plupart lors des conquêtes arabes des 7e et 8e siècle. La ville de Tichitt était autrefois très florissante, car elle était un des principaux carrefours du sahara où les caravanes venant du Maroc, s’arrêtaient avant de continuer leur route vers Tombouctou et la boucle du fleuve Niger. Son declin commença quand le commerce préféra le transport maritime au transport terrestre. Les habitants de Tichitt gardent des souvenirs du rallye Paris- Dakar qui amenait une autre caravane faite de sportifs, de journalistes et de touristes. La délocalisation en 2009 de ce rallye fut un coup dur.
La cerise sur du gâteau de cette journée fut la rencontre d’un français vivant dans cette ville à plus de 4000 km de sa patrie natale depuis 50 ans. Totalement intégré, habillement localement, il n’y avait aucune possibilité de le distinguer des Tichittois. Il avait troqué le fromage et le vin au beurre des brebis et au lait des chamelles. Personnage d’un physique frêle et au verbe posé, il est apprécié par les habitants. Il est à l’image de ces manuscrits que j’avais ce matin, c’est-à-dire fragile et pétri de savoir. Quel émerveillement ! Dans l’avion de retour, je pensais à mon dernier acte qui fut la visite effectuée dans la mosquée qui date de 14e siècle dont le minaret a été rénové au 20e siècle, garde fière allure défiant le temps. En altitude, de l’hublot j’aperçois Tichitt la ville à l’architecture exceptionnelle,   pour la dernière fois comme un ilot vivant flottant au milieu du désert attaché à son identité singulière et authentique.
16 décembre 2021, j’atterris à l’aéroport international de Nouakchott-Oumtounsy pour un nouveau séjour en Mauritanie à l’occasion de la 4ème édition des Financial Afrik Awards.
Parti de Paris sur un vol de Tunis Air pour une durée de 5h de temps, l’escale à Tunis devint cauchemardesque avec 10 heures d’attente au lieu d’une heure. Pour cause, le vol Air Mauritanie qui devait nous ramener à Nouakchott, enregistra après son décollage à Nouakchott, un passager pris de malaise, ce qui l’obligea à faire demi tour. D’où dans cet aéroport de Tunis, où il n’y avait presque rien d’attrayant, il fallait s’armer de patience, en ingurgitant café sur café pour passer le temps si long. Attablé dans le bar de cet aéroport bourré de monde, où de temps en temps des clameurs venant d’une autre salle noyaient le brouhaha des passagers, il s’agit en ce 15 décembre 2021 de la demi finale de la coupe arabe des nations entre la Tunisie et l’Égypte. Je compris en ce moment là que le remue ménage orchestré par les employés qui ne tenaient plus à leurs postes, oubliant leurs clients pour se muer en supporters de l’équipe de leur pays la Tunisie, amplifiait le désordre, surtout quand la Tunisie l’emporta au coup du sifflet final. Ah le chauvinisme !
Ce long et brouillant escale Tunisien n’était pas que nuisance, car ce fut aussi une aisance pour tisser des relations humaines, sources de tout avoir, de tout savoir et de tout pouvoir, comme me l’a enseigné feu mon père. Que la terre lui soit légère pour m’avoir inculqué cette devise cardinale qui veut que l’homme est en amont et en aval de notre vie terrestre. C’est ainsi que je vais faire la connaissance de Mohamed Elkhalef, un jeune Mauritanien ayant définitivement terminé ses études en France, qui a décidé de rompre les amarres avec l’occident pour rentrer servir sa patrie. Quel patriotisme ! C’est avec beaucoup de respect que Mohamed va s’adresser à ma personne pour s’asseoir à la table que j’occupais. J’ai tou de suite vu en ce garçon quelqu’un de bien éduqué, aimable et d’une grande générosité. Comme s’il devinait ce que je pensais de lui, il me le prouva en me proposant aussitôt à partager un pot avec lui. Quand il revint avec un plateau bien garni, nous dégustâmes avec délectation tout en échangeant sur ses études, pourquoi il retournait alors qu’en France il avait des propositions plus alléchantes, ses ambitions pour son pays la Mauritanie…. Avec intelligence et amour, il me parlait de ses parents, l’importance de la famille, la place de choix qu’il rêve pour sa patrie dans le concert des nation, son souhait surtout de voir tous ces jeunes africains,  une fois les études terminées en Europe,  de retourner au bercail, pour une nouvelle Afrique ! En compagnie de ce jeune homme aussi consciencieux que mâture, les longues heures d’escale ne furent pas ennuyeuses, mais plutôt empreintes de leçons de vie qui qui mènent vers le savoir, le pouvoir et l’avoir !!! Comme pour me prouver son attachement, Mohamed pris le temps de venir me rendre une visite de courtoisie à mon hôtel, et m’offrit un boubou traditionnel mauritanien. Ainsi est née une fraternité !
Ce nouvel aéroport de Nouakchott  n’avait rien avoir avec l’ancien. Au design futuriste, et aux avancées technologiques, il est entré en service en juin 2016 à l’occasion du 27e sommet de la ligue arabe. Tout a été pensé avec ses zones commerciales et ses halls climatisés pour rendre agréable et sûr le transit et le voyage des passagers.
L’accueil dans ce bel aéroport fut chaleureux, la récupération de bagages s’effectua avec ordre et rapidité, les navettes étaient positionnées et prêtes à acheminer nous les invités et acteurs de cette 4e édition de Financial Afrik Awards, vers l’hôtel qui servait aussi de lieu de l’événement. Le tout a été mené d’une main de maître par le Général Manager, j’ai nommé M Elhadj Ibrahima DIA qui était présent à l’aéroport pendant toute la nuit jusqu’au petit matin pour accueillir ses invité. Bravo à lui et a ses équipes pour la réussite de l’événement, quelle organisation !
L’hôtel Al Salam Resort, situé en bordure de l’océan, à mi-chemin entre l’aéroport Oumtounsy et le centre ville de Nouakchott,  disposant de 105 chambres et suites, est un fleuron de l’hôtellerie en Mauritanie. Avec son bâtiment principal qui en impose, et ses annexes rappelant des villas ou appartements dans le style bungalow, sont conçus pour préserver l’intimité de ses occupants, avec toutes les commodités d’un hôtel digne des 5 étoiles : Restaurants, spa, Wi-Fi haut débit, piscine, chambres spacieuses et équipées de sèche cheveux,  de machines à café et bouilloires , bien sûr avec des télévisions plasma connectées aux chaînes internationales. Ici le confort est au rendez-vous ! Cerise sur le gâteau, la bienveillance du couple dirigeant, M Bouba et Mme Zineb qui par leur disponibilité et leur savoir-faire rendaient radieux le séjours de leurs clients, plutôt leurs convives. L’événement de Financial Afrik fut une belle fête de donner et de recevoir avec ce peuple mauritanien très accueillant, c’est pas le délégué malgache qui dira le contraire ; qui a part son Madagascar natal, c’était la première fois qu’il se rendait dans un pays africain, il en a eu pour son compte !
Dernier à rester sur place après l’événement pour une semaine de plus, je  profitais d’avantage de l’hôtel que de mes escapades de jours et de nuits a Nouakchott.
La ville de Nouakchott d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle que j’ai connu dans les années 90, où il était difficile de distinguer le tracé des voies, de voir des bars et restaurants ou des grands immeubles etc…
Aujourd’hui le centre ville et ses environnants sont goudronnés, les grands immeubles s’élèvent, les rues sont animées et jalonnées de café de restaurants luxueux qui sont ouverts de nuits comme de jours, des feux tricolores à tous les carrefours avec caméras, des salons de beauté,  des saunas, sans compter la multiplication des hôtels.
Sans me tromper, la ville de Nouakchott est aujourd’hui l’une des villes africaines les mieux éclairées. Pendant mes derniers séjours,  je n’ai constaté ni délestage, ni coupures totale d’électricité.
Par contre il y a des moments on se pose la question sur l’utilité des feux rouge et les panneau de signalisations ; sont-ils là comme des ornements ou pour être respectés pour une meilleure circulation ? En effet conduire à Nouakchott relève du parcours du combattant, car le code de route n’est pas respecté ; chacun y va selon son gré. On ne tient ni compte des feux tricolores, ni du sens gauche ou droite, ni de la limitation de vitesse, sans compter que pour afficher son évolution, on doit conduire d’une main tout en maintenant a l’oreille le portable dans l’autre main. Je vous laisse deviner dans une telle atmosphère le dégât que subit les usagers de la route entre eux, et surtout le sort réservé aux piétons. Face à cette situation, j’ai décidé que s’il m’était donné l’occasion de m’installer à Nouakchott,  j’allais ouvrir une agence l »OSER (Offre de la Sécurité Routière) en collaboration avec le Ministère des transports pour sensibiliser la population au respect de la bonne conduite.

Ainsi on aura contribuer à sauver des vies. Vivement que les autorités se préoccupent à mettre de l’ordre dans le secteur de la mobilité. Loin de moi de m’ériger en donneur de leçons,
En plus de son aéroport aux normes internationales, la modernité que dégage aujourd’hui Nouakchott contribue à l’indice de bonheur et de joie de vivre. Cette joie de vivre qui se prolonge très tard sur les plages aux alentours de la ville. Ici, il y a du monde et de la musique, mais paradoxalement, la discrétion est de mise. D’ailleurs pour la petite histoire, on veut tellement être discret, qu’on se débarrasse de sa propre voiture sur un parking pour emprunter un taxi ou s’embarquer dans un autre véhicule qui ferait l’anonymat pour se retrouver sur ces plages qui n’ont rien à envier aux hôtels 5 étoiles car avec un beau ciel bleu dégagé, elles vous font goûter aux délices de mille étoiles !!! Ici, certains sont dans des voitures aux phares éteints, quand d’autres sont à même le sable, ou attablés. Comme pour harmoniser la symphonie, les chuchotements et halètements des occupants de cet hôtel mille étoiles, se fondent et se confondent avec le bruits saccadés des vagues, s’étouffent et s’essoufflent dans le silence de la nuit… Que ce fut bon ! 
L’Afrique est un continent, d’où chaque partie a ses us et coutumes. Quand les uns sont permissives et acceptent que les hôtels acceptent la visite féminine, d’autres par leur discrétion utilisent des subterfuges pour l’exprimer autrement. Il serait très condescendant de penser qu’on est mieux que l’autre. Humains nous sommes, humains nous avons les mêmes besoins.
A chaque peuple sa culture, disait un grand homme

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