C’est souvent ressassé par les expats et les touristes d’affaires de passage à Dakar. La médaille du meilleur Thieboudiene de la ville des Lebous oppose deux hôtels étoilés, l’un dans un cadre mythique aujourd’hui rénové, dans ce centre ville -dakarois que l’on a tendance à fuir pour les beaux yeux des Almadies et les Sirènes lointaines de Diamniado.

L’autre hôtel réputé pour son adresse dans le Thieboudiene se trouve en bordure de cette Corniche ouest rénovée à coup de milliards de Franc CFA et de polémiques qui contribuèrent à créer les conditions de l’alternance démocratique de 2012. 

Loin de ces deux mastodontes aux réputations établies, un restau est entrain de creuser doucement son sillon. Sans tambours ni trompettes. A l’embarcadère, dernière escale avant Gorée et sa porte de non retour, nos papilles gustatives eurent le bonheur de goûter d’un Thieboudiene blanc aux 7 légumes. Est-ce vraiment un plat local ? La question n’est pas superflue à l’heure du local content.

Disons que la marque est sénégalaise mais le riz thaïlandais, l’huile indonésienne, les légumes marocains, la tomate probablement chinoise et le poisson capturé sans doute par les filets d’une barque artisanale sénégalaise (les flottes européennes, russes et chinoises qui écument les fonds de la Zone économique exclusive sénégalaise pêchant et exportant vers leurs pays).

Mais à l’arrivée de ce tour de monde par l’assiette, cette géopolitique improbable accoucha de saveurs irrésistibles. Le tamarin, le bissap, le citron et l’aubergine se distinguèrent tant par la forme que par le fond. La carotte en rajouta une dose d’amabilité aux côtés de choux, navets et…autant en plaise au goût.

A noter cependant un service correct mais sans cette chouïa d’attention qui fait la différence. Une petite bouteille de soda rouillée au goulot et dénoncée par mon convive eut l’heur de déplaire à la préposée à notre table qui s’empressa sportivement de mettre la responsabilité sur le fournisseur. Hormis cet incident vite oublié, le cadre agréable joint à l’inspiration du maître cuisinier que l’on devine derrière ses fourneaux tout à ses œuvres, à ses gambas, Thiof et daurades, donnent envie de rester pour l’après-midi. La ventilation donne une bonne aération de l’ensemble.

Et le maître des céans, discret du début à la fin, veille au grain comme un Général des armées au front. Au final, ce riz au poisson l’emporterait légèrement sur ceux servis en buffet souvent par nos deux leaders, ces deux hôtels qui ont tout intérêt à ne pas dormir sur leurs lauriers.

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